IMG_2042

Clélia Sainton est Danseuse Interprète, Chorégraphe et Professeur de Danse Tribal Fusion / Danse Orientale / Fusion Expérimentale / Geek Dance / Danse avec le Feu.

Membre du Conseil International de la Danse de l’UNESCO certifiée en danse orientale, orientale contemporaine et fusion par l’école Assia Guemra et le CID-UNESCO.

Fondatrice et co-organisatrice du Tribal Geek Festival (Paris-2016). Clélia est métisse dans l’âme, toujours dans la nécessité de découvrir de nouvelles inspirations, de nouveaux horizons. Forte du caractère original et novateur de ses créations artistiques, elle crée une danse métissée à son image.

Professeur de danse orientale depuis 2008, elle contribue à faire connaître la danse Tribal Fusion en France à l’occasion de stages, cours et spectacles.

Grâce à son talent, elle se produit à la télévision, au cinéma, à l’opéra national de Paris (Opéra Garnier), dans des spectacles et festivals internationaux et scènes diverses, auprès d’artistes renommés comme Sharon Khiara, Rachel Brice, Mardi Love, Illan Rivière, Randa Kamel, Saïda Helou…

Interview :

-As-tu déjà pratiqué des arts martiaux avant de venir à l’école Sayu ?

Oui, un peu : quand j’étais petite, j’ai fait une ou deux années de judo. Mon mari fait du Kung Fu depuis plusieurs années, et une fois, j’ai souhaité faire un cours d’essai avec lui. Je n’ai pas poursuivi par manque de temps. Mais ce cours m’avait plu.

-Comment as-tu connu l’école?

J’ai connu l’école grâce au site internet, qui au passage est très beau et donne envie. J’ai fait quelques recherches ailleurs, mais c’est vers l’école Sayu que mon choix s’est porté. J’avais entendu parler de Masato* par ma collègue Assia Guemra* qui le connaissait. Elle avait travaillé avec lui pour une création qu’ils ont présentée lors de la célébration des 10 ans de l’école qui eut lieu l’an dernier au Carreau du Temple.

-Pourquoi as-tu décidé de pratiquer le sabre ? Que t’évoque l’instrument et depuis que tu as commencé ta pratique, ton regard a-t-il changé ?

Cela fait longtemps que le sabre japonais m’attire. Mes amis et moi en avions offert un vrai… qui tranche, à mon mari avec un livre Le Sabre et le divin de Risuke Otake. Je trouve que c’est un bel objet et j’adore regarder des combats chorégraphiés de sabre, on dirait de la danse. L’envie de pratiquer le sabre était là depuis longtemps, mais ce qui m’a définitivement décidé à en faire, c’est une succession de petites choses que j’aime à identifier comme des signes : à l’occasion du Tribal Geek Festival* que j’a fondé et co-organisé avec ma collègue Louna*, et qui s’est déroulé en novembre 2016, Linda Faoro* et moi avons créé ensemble un duo sur le thème de la saga Resident Evil. Elle interprétait Alice, l’héroïne du film, et moi j’interprétais une sorte de boss zombie qu’elle devait affronter. Elle avait un sabre et dans un souci de perfection nous souhaitions connaitre la technique de base du maniement du sabre. Nous avons eu quelques pistes de travail par mon mari, mais le temps nous a manqué pour aller au bout de notre démarche. Nous avons donc fait du mieux que nous pouvions. En allant acheter le sabre de Linda, j’ai craqué sur la réplique du sabre du personnage d’O – REN Ishii joué par l’actrice Lucy Liu dans Kill Bill. C’est un sabre magnifique, très épuré (sans garde) et malgré tout girly, avec ces quelques fleurs de cerisier blanches. Une fois ce sabre en ma possession, il m’est apparu indispensable de savoir m’en servir. Ajouter à cela l’envie de nous retrouver mon mari et moi autour d’une activité commune (j’ai bien essayé de le mettre à la danse mais sans succès; le fait que je ne donnais pas de cours le mardi soir, et était donc disponible pour les cours de sabre qui ont lieu le mardi soir ; le fait que ma collègue Assia Guemra m’ait parlé de Masato qu’elle connaissait ; et enfin la nécessité de faire une autre discipline que de la danse pour nourrir ma créativité. Discipline que j’ai l’ambition de fusionner avec ma danse, car c’est ainsi que je fonctionne et que j’y trouve mon intérêt en tant qu’artiste. Après une année de sabre, je commence à me sentir plus à l’aise, mais tout reste à faire ! (C’est ma devise)

Depuis mes débuts dans cette discipline, mon regard a évolué. Je m’applique à trouver un équilibre entre le fond et la forme, alors qu’au début, seule la forme m’intéressait. Mais j’ai
vite compris que tout comme dans la danse, c’est souvent ce travail de fond qui n’est pas de l’ordre du visuel mais du ressenti, qui nous fait progresser et illumine notre pratique. Il faut être patient, attentif et persévérant.

-Penses-tu que cet enseignement enrichit ta pratique artistique et en quoi par exemple ?

Oui, même si à première vue cela ne semble pas d’une évidence limpide. Mais en grande amoureuse du mouvement artistique, je trouve de l’inspiration dans la gestuelle de maniement du sabre, particulièrement dans l’Iaïdo (l’art de dégainer et de frapper en un seul geste) et l’Aïki (« L’aïki est à la source de l’aïkido, constitue son approche intérieure et lui est complémentaire »**). Outre le maniement du sabre, Masato nous parle des différentes énergies, celles qui sont extérieures à nous, celles de la nature, notamment celles de la terre et de la gravité, qu’il emploie souvent. Mais également celles qui traversent notre corps et qui nous lient aux éléments de l’univers. «Mon sabre est uni avec le ciel et la terre» Kamiizumi Isenokami Nobutsuna, (fondateur de l’école ShinkageRyu), une des citations chère à Masato. L’idée d’union est primordiale dans la pratique et l’enseignement de Masato. « Dans notre pratique de Iaï, la lame est dégainée et rengainée en un seul mouvement continu. » Tout ce travail de liaison prend tout son sens également dans ma pratique de la danse. Cet état de conscience de nous-même et de ce qui nous entoure est fondamental dans l’enseignement de Masato et c’est une qualité que je peux appliquer dans ma danse.

« Il y a une notion qui s’appelle main de volubilis dans l’enseignement oral de l’Aïki. Lorsqu’on exécute la technique, on ouvre la main en dessinant des spirales, comme une fleur de volubilis. Ceci nous permet d’absorber la force de l’autre (l’attaquant), nous la
faisons nôtre pour la lui renvoyer ensuite. De cette façon, nous nous unissons (musubi) avec l’autre. En répétant ces exercices, nous ouvrons le chakra de la paume et activons les méridiens qui traversent les doigts. Il faut dessiner ces spirales non seulement avec la main, mais avec tout le corps. L’Aïki est un moyen de construire un corps sain, c’est une pratique qui se rapproche de celle du yoga. »**

Pratiquant moi-même le yoga, tout cela est très cohérent dans mon parcours et très enrichissant, notamment dans l’art de la danse Tribal Fusion* et dans mon approche
pédagogique. Il y aurait des parallèles intéressant à faire entre ces différentes pratiques.

-Comment pourrais-tu définir l’art de notre Sensei ?

J’ai déjà un peu commencé dans la question précédente à y répondre. Ce qui me plait, et qui à mes yeux rend son art unique, c’est la façon d’ancrer sa pratique dans une globalité consciente et équilibrée. Nous apprenons les formes qu’il nous enseigne et les travaillons, mais il nous donne des éléments pour découvrir et construire notre fond, notre voie.

J’aime et me sens proche de sa démarche car il s’applique à transmettre son art ancré dans la tradition sans pour autant en être prisonnier.

Ce n’est pas la question mais j’avais envie de partager cela avec vous : ce qui me plait et me fait un bien fou, c’est que lorsque je sors de ce cours, je suis bien dans mon corps, dans ma tête et dans mon cœur. Je suis épuisée car cela me demande une grande concentration, mais je ressens un bien être et un profond apaisement après. L’impression de me déconnecter du monde pendant le cours, pour le retrouver après d’une manière plus calme
et lumineuse. Un art sportif et thérapeutique.

-En quoi la culture japonaise te touche-t-elle ?

Je suis loin d’être une spécialiste, mais j’aime la culture japonaise et les images qu’elles me renvoient depuis mon enfance. Je suis admirative du talent, de la patience et de la force de caractère des japonais. Je généralise mais ce sont les qualités qu’ils me renvoient.

En grande fan de cinéma (j’ai un master 2 en valorisation des patrimoines cinématographiques), j’aime beaucoup les films de Takeshi Kitano, les films d’horreur japonais, les mangas et animés (Astro le petit robot qui a bercé mon enfance ou Akira…), notamment le très populaire studio Ghibli avec les films de Hayao Miyazaki (Le voyage de Chihiro…) ou de Mamoru Oshii (Ghost in the Shell…), ou les nombreux films de Yakuza ou de Samouraï que je regarde avec plaisir mais ne saurais pas citer (il y en a tellement).

La culture japonaise des jeux vidéo aussi que j’affectionne : j’ai joué à Super Mario Bros 3,
Castlevania, Silent Hill, Zone of the Enders, Resident Evil 4 ou encore plusieurs Final
Fantasy ou Metal Gear solid, The Legend of Zelda mais ça c’était plutôt mon frère. Je n’ai malheureusement que très peu de temps pour jouer maintenant !

J’adore l’esthétique générale qui se dégage de toute cette culture japonaise traditionnelle comme moderne. Il y avait un clin d’œil à cela dans un des tableaux chorégraphiques du Tribal Geek Ballet* que j’entraine, qui s’appelait Japon traditionnel VS Japon Modern.

-Et finalement, tu nous prépares une petite surprise pour Yoha ?

A l’occasion du spectacle de l’école Sayu au Carreau du Temple, Fariza, Audrey et moi avons eu envie d’unir nos expériences afin de créer une performance originale réunissant 4 disciplines: le Sabre, le théâtre Nô, la danse Tribal Fusion et la danse contemporaine. Un mélange d’Orient et d’Occident. Nous l’avons intitulée « Unes ». Je suis heureuse de cette collaboration qui prend forme. Nous vous invitons à venir la découvrir le mercredi 28 juin à 20H au Carreau du Temple. Il reste encore quelques places. Mais il faut se dépêcher car l’an dernier, j’y suis allée mais il ne restait plus aucune place. Je suis repartie bredouille 🙂 !

-Merci Clélia !

*Masato Matsuura, fondateur de l’Ecole Sayu.
*Louna : Danseuse professionnelle, chorégraphe et professeur en danses orientale et tribale, membre du CID UNESCO, Certifiée en danse orientale, orientale contemporaine et fusion par l’école Assia Guemra et le CID – UNESCO.
*Linda Faoro : danseuse interprète, chorégraphe et professeur, diplômée d’état en danse jazz. Elle a récemment obtenue son certificat d’aptitude en danse jazz. Elle a créé son propre style mêlant danse Jazz et danse orientale : le jazz New school et le Faorobellyfusion *Assia Guemra : artiste danseuse, chorégraphe, comédienne et formatrice en danse orientale, orientale contemporaine et fusion, membre et consultante du CID UNESCO, ancienne karatéka (ceinture noire), diplômée d’état en Arts martiaux.
*Aïki : Référence : http://ecolesayu.deuxspirales.fr/index.php/aiki/
*La danse Tribal Fusion est par essence un métissage entre plusieurs cultures, diverses techniques et approches : Yoga, flamenco, kathak, Bharata Natyam, hip-hop, danse contemporaine, arts martiaux… C’est pour cette raison qu’il existe plusieurs courants: le style tribal fusion ethnique, urbain, gotique, burlesque… C’est une danse jeune et vivante. En perpétuelle évolution, elle s’est développée et à grandit grâce aux danseuses et danseurs qui la pratique. Elle est issue de l’ATS (American Tribal Style, soit une danse codifiée qui se danse en groupe), qui elle même est issue de la danse orientale. Elle lui reprend sa technique polycentrique en y mettant sa patte: une esthétique de bras spécifique et des musiques très diverses.
*Le Tribal Geek Festival : est un festival mêlant principalement danse Tribal Fusion et Culture Geek. C’est un festival biennal dont la première édition a eu lieu les 11, 12 et 13 novembre 2016 à Paris. Il propose des stages
de danse et ateliers geek, un show unique, une scène ouverte, des stands d’expositions…
*Le Tribal Geek Ballet : Il regroupe des danseuses amatrices ou semi-professionnels qui composent le corps de
ballet du Tribal Geek Show. Il a eu lieu le 12 novembre 2016 à PARIS et constitue la pierre angulaire du Tribal Geek Festival.