Hiroshige
Conscience de l’espace
La conscience de l’espace est essentielle pour notre pratique au dojo, dans tous les arts martiaux, sur scène pour les artistes, et dans bien de nos activités.
Lorsque nous conduisons une voiture (mon quotidien en ce moment, à défaut du dojo), il est bon d’avoir une conscience arrière, d’être bien droit et bien enfoncé dans son siège, la nuque posée sur l’appuie-tête. Ainsi, on éprouve une sensation de contrôle et de maîtrise. Laissez-moi développer, s’il vous plaît, l’analogie de la conduite automobile encore un peu! Les voitures autonomes, grâce à des caméras, des lidars et des radars, ont une une vision à 360° en 3 dimensions, et même dans le temps puisqu’elles sont capables de prédire les trajectoires des objets environnants. Un bon conducteur, de la même manière, a une bonne compréhension de la scène dans son ensemble. Par son expérience, et en regardant régulièrement dans les rétroviseurs, il a une image complète dans toutes les dimensions et dans toutes les directions.
De même, au dojo, il faut avoir conscience de son espace, et de l’ensemble de la scène qui s’y déroule. Sensei parle parfois de regarder ou d’écouter derrière soi. Il ne s’agit pas de super pouvoir ou de torsion oculaire improbable. Mais bien d’avoir une image de ce qui se passe derrière soi, sans utiliser la vue, en utilisant plutôt l’intuition ou la prédiction, et en développant d’autre sens comme l’ouïe, l’odorat, la sensibilité au déplacement de l’air, autrement dit, la sensibilité au ki.
Lorsqu’on pratique les katas, on insiste sur le fait de bien pousser avec les bras, d’avoir les omoplates bien ouvertes. Cela tend un peu le corps et n’est pas très confortable. Cependant, cela a pour effet de renforcer les muscles extenseurs, mais surtout de prendre conscience de la portée de notre sabre. En effet, lorsque nous pratiquons le sabre fluide, nous pouvons passer naturellement d’une posture relâchée et courte, à une frappe longue (et même la plus longue possible) avec une portée bien connue. Connaître la portée de son sabre, c’est aussi connaître la portée de son adversaire ou de son partenaire.
Dans la tradition de méditation japonaise, il est enseigné d’avoir les yeux à moitié fermés (attrapant juste la lumière), à l’écoute autant de son intérieur que de l’espace alentour. Nous avons déjà vu, dans l’aïkido, dans le sabre, dans la pensée de Musashi, et dans le précédent texte de Maxime que le Moi et le Cosmos ne doivent faire qu’un.
Chotan Ichimi reprend tous ces principes me semble-t-il !
Bertrand.
Chotan Ichimi
Chotan ichimi est la cinquième forme de Sangaku’en que nous étudions à l’école Sayu. Le nom pourrait être traduit par: « long ou court, même principe ». Ainsi, le sabre qui parait court face à votre partenaire ne l’est pas vraiment et shidachi profitant de l’effet de surprise joue sur la distance pour tenir en joue le partenaire lorsqu’il arme et avant même qu’il ne frappe.
Comme chaque semaine maintenant, nous vous proposons dans un premier temps de visualiser la forme en entier jouée dans la vidéo que vous trouverez ci-après.
Ludivine.