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Crédit photo: Rémi Gormand

La visualisation mentale 

Nous avons déjà évoqué la possibilité de pratiquer n’importe où et sans aucun matériel (voir l’article de Ludivine sur l’intention). Je vous propose d’approfondir cette idée en partageant avec vous mon expérience de la visualisation mentale. Cette pratique, largement répandue chez les musiciens, est un outil très efficace qui consiste notamment à optimiser et à fixer un geste en l’imaginant. Elle est applicable dans beaucoup de domaines et je l’ai moi même intégrée dans ma pratique du Kenjutsu dès les premiers cours.
La première application possible est le travail mental : il se se pratique n’importe où et n’importe quand, les yeux ouverts ou bien fermés. Dans un premier temps cela est plus facile avec les yeux fermés. Imaginez un mouvement ou un kata : Par exemple, itto ryodan la première forme de la Shinkage Ryû. Vous pouvez vous concentrer sur une chose précise ou imaginer chaque détail : la position de chaque partie de votre corps, (que vous pouvez même essayer de ressentir intérieurement), la position du sabre, l’endroit où se fixe votre regard… Imaginez aussi le partenaire qui vous fait face. La vitesse n’est pas importante. Imaginez chaque mouvement ou le mouvement global (l’intention ndlr), le déplacement, la frappe etc. Profitez-en pour mettre en lumière le moindre doute afin de pouvoir y prêter une attention particulière lors du prochain cours.

Tout est possible, mais plus votre imagination sera précise et plus vous fixerez les choses. Cela vous permettra de mémoriser et d’ancrer les gestes dans votre corps. En pratiquant de cette façon, pour palier à l’absence de cours ,et surtout en complément de ceux-ci, vous verrez une progression importante. Il suffit de quelques minutes de temps en temps, de préférence peu de temps après le cours pour enregistrer les choses, et un peu avant le cours pour vous en souvenir. Mais comme bien souvent, plus on s’exerce, meilleur sera le résultat.
La deuxième application est utile pour éviter le « mauvais stress ». Autrement dit le trac. Dans le cadre du kenjutsu, elle peut nous permettre de préparer une démonstration ou un spectacle, mais vous pouvez également l’utiliser au travail avant une prise de parole public ou dans beaucoup d’autres situations anxiogènes. L’idée n’est pas d’éliminer le stress qui a certaines vertus à petite dose, mais de faire en sorte qu’il ne prenne pas le dessus.

Le principe de base est similaire, mais le procédé varie légèrement. L’idée sera ici de faire en sorte que le cerveau vive l’expérience stressante, une ou plusieurs fois, avant qu’elle ne se produise réellement. Au moment de la restitution réelle, vous serez inconsciemment rassuré, comme si vous l’aviez déjà fait !

Pour cela il faut imaginer très en profondeur la situation. La salle dans laquelle vous vous trouvez (même si vous ne la connaissez pas) et tout les petits détails qui peuvent vous interroger le jour J. “Comment est ce que je rentre dans la salle ?” “Où est ce que je me place ?” Quelles sont les premiers mots que je vais prononcer ? Où est ce que je vais regarder ? etc… Vous devez ensuite imaginer vos sources de stress éventuelles : le public, l’auditoire, le jury…

A la suite de quoi vous pouvez dérouler le fil de la situation en vous imaginant la réussir parfaitement.Quoi qu’il arrive, vous devez être très satisfait de votre prestation. Peut être ressentirez vous du stress pendant cette exercice. C’est bien! Cela veut dire que vous vous êtes complètement immergé. Cela devrait vous permettre de ne pas trop le ressentir en situation réelle.

Rémi Gormand