Il semble que ce ne soit pas facile d’expliquer le principe du kenjutsu (le sabre japonais).
L’exercice est notamment complexe quand il s’agit de présenter la différence qui existe avec les autres arts martiaux menant un combat compétitif.
Chez nous, on ne cherche pas à se mesurer avec l’adversaire, on l’observe plutôt, et on cherche à le sentir comme si l’on devenait son miroir, et à le suivre, sans égo.
 »Comme l’eau qui reflète la lune ».
Si l’adversaire attaque, alors en même temps, on absorbe cette énergie et on la retourne vers lui.
Ainsi, s’il n’attaque pas, il n’y a pas de combat. Mais s’il attaque, il n’a pas de chance.
L’objet de notre étude, c’est réaliser ce système imparable, indomptable. Il n’y a pas de compétition là-dedans.
On ne sait pas si l’on y arrive mais on marche sur la voie comme les anciens maîtres.

両鏡相対無影像
(ryoukyou aitaisi youzou nasi)
Deux miroirs face à face, pas d’image.
C’est l’épitaphe de Yoshitoshi Yagyu (1579-1650), le 3ème successeur de Shinkageryu.
J’ai toujours senti un léger frisson et une sorte de vertige à travers cette image qui montre l’état au delà de la dualité.
En tant qu’interprète sur le plateau, j’aimerais être comme un miroir pour le public.
Les spectateurs regardent l’acteur telle une réflexion d’eux-mêmes, et ils se surprennent à se découvrir comme jamais ils n’auraient pu l’imaginer.
Ils peuvent également sentir l’autre monde à travers le miroir.
Peut-être même que ce sera terrifiant.
Personnellement, j’adore l’art terrifiant.
Masato Matsuura